16. Eloquence is the art of saying things in such a way (1) that those to whom we speak are able to hear them without pain and with pleasure; (2) that they feel their self-interest involved, so that self-love leads them the more willingly to think over what has been said.
It consists, then, in a correspondence which we try to establish, on the one hand, between the head and the heart of those to whom we speak and, on the other, between the thoughts and expressions that we use. This presupposes that we have studied the heart of man in order to know all its workings and that we find the right arrangement of the remarks that we wish to make suitable. We must put ourselves in the place of those who are to hear us, and try out on our own heart the appeal we make in what we say, so as to see whether the one is rightly made for the other, and whether we can feel confident that the hearer will be, as it were, forced to surrender. We ought to restrict ourselves, so far as possible, to the simple and natural, and not to magnify that which is small or diminish that which is great. It is not enough that a thing be beautiful; it must be suitable to the subject and there must be nothing excessive or lacking.
— trans. Jaques Barzun
88. L'éloquence est un art de dire les choses de telle façon, 1° que ceux à qui l'on parle puissent les entendre sans peine, et avec plaisir ; 2° qu'ils s'y sentent intéressés, en sorte que l'amour-propre les porte plus volontiers à y faire réflexion. Elle consiste donc dans une correspondance qu'on tâche d'établir entre l'esprit et le cœur de ceux à qui l'on parle d'un côté, et de l'autre les pensées et les expressions dont on se sert ; ce qui suppose qu'on aura bien étudié le cœur de l'homme pour en savoir tous les ressorts, et pour trouver ensuite les justes proportions du discours qu'on veut y assortir. Il faut se mettre à la place de ceux qui doivent nous entendre, et faire essai sur son propre cœur du tour qu'on donne à son discours, pour voir si l'un est fait pour l'autre, et si l'on peut assurer que l'auditeur sera comme forcé de se rendre. Il faut se renfermer, le plus qu'il est possible, dans le simple naturel ; ne pas faire grand ce qui est petit, ni petit ce qui est grand. Ce n'est pas assez qu'une chose soit belle, il faut qu'elle soit propre au sujet, qu'il n'y ait rien de trop ni rien de manque.